Une chapelle qui a émigré de son lieu d’origine. Elle daterait du XVIè et a subi des modifications au XVIIè siècle.
La chapelle Saint André, appelée autrefois Sant Andro, est bâtie en bordure du chemin qui traverse le village de Landrer à Plogoff. Sa situation est si exiguë qu’elle demande explication. L’édifice se trouvait à l’origine dans le vallon de « Ar Stancou » à « Portz ar Zent » au bord de la côte. Menacé de destruction par le grignotement de la mer vers le fond de l’anse, son transfert fut envisagé à quelque 900 mètres dans le village de Landrer, où la place demeurait limitée par les propriétés alors existantes.
La tradition qui rapporte le déplacement de la chapelle n’en donne pas la date. La seule certitude, c’est que ce fut fait sous l’ancien régime. L’inventaire effectué le 7 germinal An III (27 mars 1795) situe Sant Andro à Landrer. On suppose que le transfert fut fait bien plus tôt, en 1626, du temps de fabrique A. Pèlerin. En effet son nom s’inscrit au dessus du bénitier de la porte nord : «  A PELERIN : FA 1626. La même date de 1626, sur un petit cartouche de la poutre de gloire viendrait confirmer l’hypothèse avancée.

Une chapelle fort simple

De plan rectangulaire, l’édifice n’a que 2 petites portes, légèrement décalées l’une par rapport à l’autre, l’une au nord et l’autre au sud. L’éclairage, assuré par la baie du chevet, de type XVIè siècle, et la modeste baie au bas de la nef, n’étant pas suffisant, la fabrique Jean Carval fait agrandir en 1766, une ouverture du mur sud, pour lui donner le profil d’une fenêtre passante comme nous l’apprend l’inscription gravée en réserve sur le fronton au dessus de la corniche : « IAEN CARVAL FABRIQUE 1766 ». A ce sujet une petite remarque : furtif témoignage de la modernité, la lettre U y prend la place du V, encore largement utilisé à l’époque de manière archaïque. On notera aussi la différence des profils des corniches sous les retombées de la toiture, profil à simple cavet le long du profil nord, profil plus complexe au mur sud.

Quelques particularités

La chapelle comporte des particularités intéressantes. La première est qu’il n’y a pas d’entrée sur la façade qui porte le clocher. Un tel arrangement, sans être unique, est relativement peu commun. Pour ne citer qu’un exemple dans un secteur relativement proche, on évoquera le pignon occidental sans porte de Notre Dame de la Joie à Penmarc’h.
Une seconde originalité réside dans l’appareillage des murs. Que la façade du clocher soit en pierre de taille, n’a rien que de normal, mais que le chevet se contente de moellons, c’est moins commun. D’autre part, lorsque, par économie, l’édifice n’est pas entièrement construit en pierre de taille, les maçons réservent le moellon pour le mur du nord, revêtant de pierres de taille la face sud. Ensoleillée l’élévation méridionale fait ainsi l’objet de soins attentifs, qu’on n’a pas ici.
Devant une telle disposition en marge des coutumes et des usages constructifs, on peut se demander si l’état actuel ne résulte pas du transport de la chapelle à Landrer. L’accès se fait aujourd’hui du côté nord puisque l’entrée donne sur le chemin qui longe.
L’étonnement provoqué par l’appareillage inhabituel des murs et de la position de la porte nord se double de l’observation des inscriptions du clocher qui sont elles aussi à des places inhabituelles. Alors que d’ordinaire les fabriques écrivent leur nom de famille, afin qu’il soit visible de tous, sur les façades méridionales et occidentales qui sont mieux éclairées, ici on les trouve sur le nord qui n’est touché par le soleil que pendant la belle saison (C:BODOV:F) et sur l’est qui donne sur la toiture (I:GVEZNGAR:F).
(* Extraits du texte de Yves-Pascal Castel, 1999)

Les restaurations

La toiture de la chapelle avait été refaite en 1886 et les travaux avaient à l’époque, coûté 715 Frs à la fabrique (renseignements communiqués par Roger Gargadennec ).
En 1985, une équipe de bénévoles du quartier de Landrer se mobilisa pour faire des travaux de drainage pour assécher le sol de la chapelle.
En 1997, le pignon ouest menaçant de s’écrouler, la municipalité engagea des travaux. Le mur et le clocher furent démontés et remontés pierre par pierre. Ce sont ces travaux qui furent pour les habitants du village de Landrer, l’occasion de créer une association de sauvegarde de la chapelle afin de pouvoir restaurer l’ensemble de l’édifice fort délabré.

La cloche

La chapelle depuis longtemps n’avait pas de cloche. Elle a été offerte lors de la restauration en mai 2002. Fondue tout spécialement dans la fonderie Bollée à St Jean de Braye près d’Orléans, sa note est le « la ».
Baptisée en juillet au pardon de Notre Dame de Bon Voyage, « Sabine-André » fut installée dans le clocher par l’entreprise Bodet pour le pardon de St André au mois d’août 2002.

La stèle

En février 2003, lors de la réfection du muret, vestige de l’ancien enclos, a été déterrée une stèle de l’âge de fer (environ 305 ans avant JC) .

L’intérieur

A l’entrée de la porte nord se trouve un très beau bénitier daté de 1626 et surmonté du nom de fabrique : A. PELERIN FA.
Le sol de la chapelle est dallé du côté du chœur et en terre battue en bas de la nef. Une dalle funéraire près de la marche du sanctuaire rappelle l’usage d’enterrer dans la chapelle elle-même. C’est la sépulture d’Allain Guillou, fabrique décédé en 1660 (ALLAN GVILO F 1660).
Dans le mur sud se trouve une niche : c’est le « sacraire » découvert lors de la restauration en 1999.
Les deux poutres, dont la poutre de gloire avec les « engoulants », ont dû être remplacées en 1999 en même temps que les sablières posées pour supporter le poids de la toiture.
La poutre de gloire marquait la séparation entre le clergé et le peuple. Les deux portes à la limite du dallage et de la terre battue ainsi que l’emplacement des peintures murales le confirment. C’est la Contre Réforme (XVIè) qui abolira cette séparation.

Les peintures murales

Sous la chaux furent découvertes en 1999 des peintures murales qui dateraient, sur le mur nord, du XVIIè siècle et, sur le mur sud, du XVIIIè.
On peut voir sur le mur nord, bien maladroitement dessiné, un trois-mâts, certainement un ex-voto fait par un habitant du village.

Le mobilier

Le mobilier a été totalement restauré en 2001-2002. Sous plusieurs couches ont été découvertes et dégagées les peintures d’origine.
Les statues de Saint André, de Saint Jean Baptiste et du Christ de la poutre de gloire ainsi que les deux panneaux peints dateraient très certainement du XVIIè siècle.

L’autel tombeau, le tabernacle et le retable datent de la première moitié du XIXè siècle et sont peints dans un style naïf.
Le décor de l’autel symbolise la mer avec ses laminaires et de nombreux petits poissons qui nous font penser à la pêche miraculeuse sur les bords du lac de Tibériade. Cela nous montre à quel point les habitants de Landrer étaient liés à la mer. Saint André est le Saint Patron des marins pêcheurs.
Quant au gradin, situé à l’arrière de l’autel, il est orné d’un décor floral qui rappelle celui des faïences de Quimper.

Le Pardon

 On peut voir bordant le muret Est (reste de l’ancien enclos supprimé lors de l’agrandissement de la route) une très belle pierre cubique en granit de 55 cm pouvant être « la pierre des bannies » sur laquelle le fabricien proclamait les enchères des offrandes le jour du Pardon. Celui-ci avait lieu le Lundi de Pentecôte, et, d’après un document de 1892, on avait l’habitude d’y faire venir les enfants pour qu’ils soient guéris de la coqueluche par Saint André car ce dernier en breton se prononce « Sant Andréo » et la coqueluche « an-dréo ».
Actuellement le Pardon a lieu l’avant dernier dimanche d’Août et les enfants y sont toujours bénis devant le calvaire de la Croix de St André.