La Chapelle NOTRE DAME du BON VOYAGE est construite sur la colline d’où la vue s’étend au loin, vers l’est jusqu’à Beuzec Cap Sizun, Pont Croix, Plouhinec, le fond de la Baie d’Audierne et la Pointe de Penmarch, à l’ouest, nos apercevons l’Ile de Sein au nord Cleden Cap Sizun

• HISTORIQUE :

L’histoire de la Chapelle est liée à celle du Manoir de Kerazan en Cleden.
La Seigneurie de Kerazan dépend du Marquisat de Kerharo et appartient à la famille « de Saluden » originaire de Scandinavie. Ce nom Figure dans les archives du prieuré de Quimperlé dès 1420.
Le dernier « De Saluden «  fut Nicolas, Monsieur de Tremaria. >Ce titre lui fut donné par son père, Jacques, alors propriétaire du manoir de Trémaria à Beuzec Cap Sizun.
Nicolas mène une jeunesse tumultueuse. A 26 ans, il est reçu conseiller au Parlement de Bretagne. Il se marie à Rennes le 10 janvier 1646 à Lucrèce Simon de la Vareine. De ce mariage naissent, le 30 septembre 1646, Jacques et Corentine, mais Lucrèce meurt bientôt.
Le 25 janvier 1651, Nicolas épouse en seconde noce à Quimper Marguerite du Val, veuve d’Hervé Glemarec, sieur de Kergonda, conseiller du roi, juge et magistrat criminel. Onze mois plus tard, Marguerite du Val décède.
Nicolas allait se marier une troisième fois avec une petite cousine quand il reçoit à Kerazan la visite du Père Maunoir, venu en mission à Plogoff et à Cleden. Le père décide Nicolas à ne pas se remarier et réussit à le ramener à la pratique religieuse

Le fils Jacques meurt au collège de Clermont. Nicolas, converti, rentre au séminaire et est ordonné prêtre en 1656. Il accompagne le père Maunoir durant 18 ans, prêchant dans toute la Bretagne.
Sa fille Corentine, mariée à un seigneur de Plomeur-Bodou dans les Côtes d’Armor, meurt assez jeune et son époux suit les traces de son beau père en se faisant prêtre et missionnaire.
Monsieur de Tremaria est mort au manoir de Kerduel à Plomeur-Bodou le 23 juin 1674 à l’âge de 55 ans.
Bonaventure de Saluden, sœur de Nicolas, épouse Monsieur de Tréana, seigneur de Kervern en Dirinon, dépendant de la seigneurie de Daoulas.
De ce mariage naît Jean de Tréana le 27 juin 1636 à Kerazan. Il en devint plus tard le seigneur.
Monsieur de Tréana est un homme très pieux. Il se trouve un jour en danger de se noyer, étant tombé dans la réserve d’eau d’un moulin (malheureusement, on ne sait pas où). Il fait la promesse de construire une chapelle à la Sainte Vierge s’il se sort de ce mauvais pas.
Quelque temps plus tard, il tient parole et fait construire une chapelle dans un endroit visible de la terre et de la mer le plus loin possible.

La légende raconte que, pour choisir le lieu de construction, il monta sur son âne en disant que, là où l’âne s’arrêterait, là serait construite la chapelle.
La réalité est bien plus simple. Monsieur de Tréana choisit la colline au dessus de Kerven sur la lande dépendant de son domaine de Kerstrat.
Par permission spéciale de l’évêque de Quimper, datée du 28 juin 1698, la première messe est chantée sur l’emplacement prévu pour la chapelle le 13 juillet 1698. Elle est présidée par Messire de Kerguelen, docteur en théologie, recteur de Meilars et originaire de Landudec.

Vierge en granit

Vierge en granit

• CONSTRUCTION DE LA CHAPELLE :

Les travaux commencent fin 1698. On construit d’abord la partie qui servira de sacristie. Les travaux sont dirigés par Monsieur Favennec, maître maçon et architecte à Pleyben. Les ouvriers sont originaires du « Cap » et tous bénévoles.
Le bois vient à manquer. Le seigneur de Saint A Louarn de Guengat fournit les arbres nécessaires. Tous les charpentiers du « Cap » viennent y travailler jour et nuit. L’huile de poissons pour les lampes provient des ports du « Cap » : Cleden, Plogoff, Audierne, l’Ile de Sein et même Douarnenez. Les femmes l’amènent vers la chapelle en chantant des cantiques.
Les travaux sont achevés en 1703. Les boiseries des retables sont finement sculptées, peintes de couleur vive et dorées.
L’autel sud est dédié à Sainte Anne et celui du nord à Saint Joseph.
Sur le retable principal se trouvent 2 tableaux sculptés et peints représentant la Nativité et la fuite en Egypte.
Le plafond, bleu, est décoré de motifs marins stylisés : roses des vents et ancres.
On trouve au-dessus des bénitiers, taillés dans la pierre, les blasons des seigneurs de Kerazan :
– Pour les « de Saluden », 3 fleurs de lys enserrant une molette d’étrier,
– Pour les « de Tréana », un losange percé.
Au dessus de retables latéraux, on trouve, en médaillon, la « main » des seigneurs du Menez et le « chien » de Keraz ; le tout surmonté de la couronne du marquis de Pont Croix.
Quelques années plus tard, en 1706, le mur d’enceinte est édifié en utilisant, en partie, les pierres de la chapelle en ruine de Pennéach dédiée à Saint Moellien.
Monsieur Jean de Tréana meurt à Kerazan le 28 septembre 1771. Son corps est inhumé dans la chapelle qu’il fit construire avec tant de zèle.
Le 28 juin 1712 a lieu la bénédiction de la première cloche. Elle a pour nom « René-Marguerite » ayant pour parrain René du Menez seigneur de Lézurec et pour marraine Marguerite Plougoulm, femme de François Sicourmat, sieur de Kerhermen, marchand et bourgeois à Audierne.

• LE PARDON :

Le pardon a lieu le 2ème dimanche de juillet. C’est l’un des plus importants de la région. Autrefois les venaient de très loin à pied, en procession, de la Chapelle Notre Dame de Penhors en Pouldreuzic ou de Douarnenez. On part de bonne heure afin d’arriver à temps à la grand’messe. On mange sur place et on assiste aux vêpres. La procession va jusqu’au calvaire. En tête, la grande croix, portée à tour de rôle par 2 hommes, puis la lourde statue de la Sainte Vierge, portée par 4 solides gaillards, honneur qu’ils ne veulent céder à personne ; pas plus que les marins de la Royale qui se réservent exclusivement le port des maquettes de bateaux. Suivent les nombreuses bannières portées par les jeunes filles et les jeunes femmes de Plogoff.
Un clergé nombreux, des religieuses, une foule compacte de croyants suivaient la procession en chantant  » Itron varia ar veaj vad «. Arrivés au pied du calvaire, on fait cercle pour écouter le sermon d’un prédicateur de renom, tout le monde se rappelle encore le père Gloaguen, missionnaire à Haïti et originaire de Cleden. En breton, des voix grave et forte, il bouleversait l’assistance.
A l’île de Sein, le recteur dit une messe à 6 heures du matin pour les gens qui ne peuvent aller sur le continent.
Les pèlerins s’embarquent sur les voiliers et le départ est fixé selon le vent et la marée. Il faut arriver à l’heure pour la grand’messe et pour faire le tour de la chapelle à genoux en expiation de ses péchés. Certains font promesse de garder un silence total depuis le départ de l’île jusqu’au retour, le soir, sauf pour chanter les cantiques.

• LES RESTAURATIONS

Le clocher est reconstruit en 1852 pat Clet Marzin de Landrer maître maçon et tailleur de pierres.
En 1892, on refait l’intérieur :
– d’abord le crépi de la nef, sans toucher au chœur,
– le dallage : les pavés sont fournis par Monsieur Jean Perfezou de Keringard qui assure gratuitement le transport ;
En juin 1893, l’entreprise Courant de Quimper repeint le plafond, les boiseries, les murs, les 3 statues pour un coût total de 1771 Frs plus 180frs pour les statues. Les peintres sont logés et nourris par les habitants de Plogoff à tour de rôle.
Depuis 1893, aucune réparation n’a été effectuée dans la chapelle sauf pour réparer la toiture et le remplacement de vitraux brisés par des vandales.

• ASSOCIATION : « Les Amis de la Chapelle Notre Dame du Bon Voyage »

Le 26 novembre 1986, sous l’impulsion de quelques habitants de Plogoff devant l’état de dégradation de la chapelle, était décidée la création de ‘une association, type loi de 1901, « les amis de la chapelle Notre Dame du Bon Voyage ».

Après élection, le bureau était composé comme suit :
Président : Jean Paillart du Loch,
Vice président : Yves Gloaguen de Keringar
Trésorier : Clet Marzin de Lescoff
Secrétaire : Jean Rozen de Kergadalen
Le recteur est Hervé Mingam.
Le bureau est resté inchangé durant toute la restauration.

• Travaux réalisés

Des travaux de grande importance sont entrepris :
– Des bancs très fonctionnels sont mis en place,
– la voûte et les parquets des 3 autels ont été totalement refaits par Jean Guillaume Carval, artisan au Manoir,
– Les autels et retables sont démontés, restaurés à Brest par Mr de la Bernadie, puis repeints par André Les reliquaires sont restaurés et repeints par Mr Hemery du Faouet.
– Les peintures murales retrouvent leur aspect originel,
– Les joints des murs de l’enclos sont refaits remettant en valeur l’ensemble architectural
– L’éclairage est refait. Des projecteurs, mettant en valeur le retable principal ainsi que la statue de Notre Dame, sont disposés de part et d’autre du chœur,
– la peinture de la voûte ainsi que les lettres du refrain du cantique dans la nef est réalisée par Yves Ahran, artisan peintre à Esquibien.

Le coût de la restauration, très élevé, a pu être supporté par l’association, grâce aux dons nombreux et importants de la population et aux recettes des fêtes organisées par celle-ci.
Le conseil général du Finistère a subventionné pour le quart environ le coût des travaux.
Ceux-ci ont été réalisés grâce à la collaboration du conservateur des objets d’art du Finistère ; Mlle Gargadennec Isabelle.
La municipalité de Plogoff, sous l’égide du maire Nicolas Perfezou de Keringar, a refait les fenêtres, la porte sud ainsi que le drainage autour de la chapelle afin d’assainir l’édifice.
Les travaux auront duré 5 années.
L’inauguration de la chapelle restaurée se fera lors du pardon annuel le 14 juillet 1991. Elle fut présidée par Monsieur le Vicaire Général Henri Minou, originaire de Beuzec Cap Sizun, représentant son excellence Monseigneur Clément Guillon, évêque de Quimper et du Léon.
Tout comme la construction de cette chapelle, la restauration, 3 siècles plus tard aura été réalisée par la volonté et le soutien jamais mis à défaut de cette population du Cap Sizun attachée à ses traditions et à sa culture.

 • ASSOCIATION : « Sauvegarde du patrimoine religieux de Plogoff »

Après ces travaux importants, l’association a été dissoute. Une association «  Sauvegarde du patrimoine religieux de Plogoff » a été créée qui a pris en charge outre la chapelle Notre Dame du Bon Voyage toutes les chapelles de la commune de Plogoff
Anecdote : Moins d’un siècle après la construction de la chapelle une découverte géographique est faite par 2 marins dont la famille a eu un rôle important dans l’édification de la chapelle. Le petit neveu de Messire de Kerguelen Yves Joseph de Trémarec est chef d’une expédition dans les mers du sud à bord de la flûte « La Tortue », son second n’est autre que le petit fils du seigneur de Guengat Louis de Saint Alouarn qui commande la gabarre «  le gros ventre ». Ils découvrent le 12 février 1712 un archipel appelé depuis « les îles Kerguelen ». Ce fut un « bon voyage »

 

NOTRE DAME du BON VOYAGE

REFRAIN
Notre Dame du Bon Voyage
Guidez-nous sur la mer immense
Surtout protégez notre barque
Quand nous traversons le Raz

COUPLET
Si vous êtes pour nous, Vierge Sainte,
Une mère douce bienveillante
Nous regardons votre chapelle
Toujours belle, resplendissante

Quand le vent se déchaînera
Capable de nous jeter sur le roc
Nous regarderons votre chapelle
En vous invoquant de tout cœur

Comme un phare béni,
Vous nous procurez la lumière
Vous défendez le marin
De la menace des rouleaux écumants

INTRON VARIA ar VEACH VAD

DISKAN
Intron Varia ar veach vad
Hon hentchit war ar mor braz
Driest pep tra merit hor badig
Pa vimp o tremen ar Raz

KAN
M’ar bezit deomp, gwerc’hez santel
Eur vamm dous, madelezus
Ni zalc’ho ive ho chapel
Bepred kaer, ato skedus

Pa ve dirollet an avel
Goest d’hor skei ouz ar herreg
Ni a zell warzu ho chapel
Ouz ho pedit, kalonek.

Evel eun tour-tan benniget
Houi a ro decomp skelerigenn
Houi zifenn ar vartolodet
Ouz kounnar an tarziou gwen